La voir courir ainsi me remplit de fierté. Cela ne fait pourtant pas si longtemps que ça que je possède cette petite boule d’entrain et d’énergie et, tout comme j’ai fondue devant elle, elle a craquée sur moi. Petite craintive d’habitude, elle a maintenant tendance à foncer, même si c’est seulement en ma présence. Si j’ai le don de m’éloigner, elle me cherchera la queue entre les pattes. Comme je l’aime ma Jezebel.
Elle revient à la course vers moi, soulevant des brins d’herbes dans les airs. Je plains le pauvre type qui devra s’occuper du gazon du Parc suite à notre passage. Je lui fais signe, en tapant des mains pour qu’elle reparte au gallot. Elle décrit un cercle autour de moi, bondit, puis repart aussitôt. Je continue de marcher, regardant aux alentours, observant les autres Maîtres qui s’amusent avec leur animal, leur meilleur ami. Les secondes avancent puis, les minutes, je ne revois pas Jezebel. Elle reste toujours dans ma bulle à l’habitude. Je panique un peu et me mets à sa recherche en criant son nom sur le ton le moins paniqué possible. Puis, je la revois, sortir d’un buisson. Elle aboie. Je lui fais mime de se taire. Elle me saute dessus, se redonnant un élan à chaque fois que ses postérieurs daignent toucher le sol. Je m’accroupis et tente de la calmer avant de la serrer brièvement dans mes bras. Puis, j’entends couiner. Je redresse la tête et repose Jeze’ par terre. J’écarte quelques branches du buisson, avec délicatesse, et j’aperçois ce petit animal noir tout recroqueviller sur lui-même. J’ose à peine m’avancer, mais je tends la main. Le chien ne réagit pas. Jezebel retourne de nouveau à l’intérieur du buisson et se colle à l’animal. Cela me suffit à me prouver qu’il n’est ou plutôt, qu’elle n’est pas dangereuse, mais plutôt amorphe. Je m’étire et entre légèrement mon corps dans le buisson pour en extirper la bête. Pauvre petite chose. Ma petite Whippet s’exprime de nouveau en couinant, je me rabaisse donc à son niveau, la Briard entre les mains. Elle lui donne des petits coups de langue. Nul besoin de me le dire Jezebel, ma décision est déjà prise. Je vais prendre soin de cette boule en manque d’amour et fort probablement de soin.
Jamais il ne m’était venu la simple idée d’adopter si tôt un nouvel animal, mais que voulez-vous, ce fut comme un coup du destin, ensuite, le coup de foudre.